Au mois de juin 2023, une partie des étudiants de première année a pu accompagner le film de Jérôme Reybaud Poitiers au festival Côté Court de Pantin. Cela a aussi été l’occasion d’organiser un séjour à Paris et de nous permettre de faire plusieurs rencontres et visites en lien avec notre formation. Retour sur un séjour très riche !

Poitiers en festival pour la deuxième fois de l’année

Après le festival du moyen métrage de Brive en avril 2023, nous avons pu revoir une deuxième fois Poitiers en festival. Cela a été très intéressant de voir que les deux publics ont réagi de manière différente : les réactions semblaient plus tranchées à Côté Court, qu’elles soient positives ou négatives. Nous avons pu entendre de grands éclats de rires mais certains spectateurs sont aussi sortis de la salle avant la fin de la séance. Malheureusement, pas de prix cette fois-ci pour le moyen métrage de Jérôme Reybaud mais une très belle programmation au festival qui nous a permis de découvrir des films très intéressants et divers. Parmi nos coups de cœur de la sélection, Safety Matches de Pauline Bailey, L’escalier de Christophe Loizillon et Marinaleda de Louis Seguin qu’une partie d’entre nous avait déjà découvert au festival de Brive en avril.

Rencontre avec Anaïs Romand

La promotion 2022-2024 mène un travail de recherche sur Bertrand Bonello. Dans le cadre de son mémoire sur « Le style visuel dans L’Apollonide », Alicia Ung réalise plusieurs interviews de techniciens qui ont travaillé sur ce film. Elle avait pour projet de profiter de sa venue à Côte Court pour interviewer Anaïs Romand, la cheffe costumière de L’Apollonide (film avec lequel elle a remporté le César des meilleurs costumes). Anaïs Romand a gentiment accepté de rendre cette interview publique pour les étudiants du Master présents à Paris. Nous l’avons rencontrée à son atelier, au milieu des costumes qu’elle est en train de réaliser avec son équipe pour un spectacle de théâtre.

Anaïs Romand est une femme avec une personnalité forte qui tient à ce que les réalisateurs avec lesquels elle travaille portent de l’attention aux costumes, d’autant plus quand il s’agit d’un film d’époque. En effet, il est très important pour elle de respecter la réalité historique. Gare aux questions approximatives et au questionneur imprudent qui touche sans le savoir un point sensible ! La question naïve d’Alicia sur le corset (« à la mode dans les années 1900… ») nous a valu une réponse musclée, et une petite leçon d’histoire du costume. N’en déplaise aux ignorants qui associent le corset aux cocottes, le corset était jusqu’en 1920 une pièce indispensable et non décorative du costume féminin. Les corsets n’étaient pas seulement portés par les femmes riches mais aussi par les paysannes car ils permettaient de maintenir la poitrine mais aussi les jupons et les jupes. Le corset était donc indispensable aux femmes du peuple, sans quoi elles ne pouvaient effectuer les différentes tâches physiques de leur journée. Anaïs Romand a aussi insisté sur le fait que le corset ne fait pas mal s’il est réalisé correctement et sur mesure pour chaque comédienne. Ce qu’elle ne supporte pas, ce sont les réalisateurs qui ne suivent que leur envie sans aucune connaissance du costume et des mœurs de l’époque dans laquelle ils tournent leurs films. Pour cela, elle donne un argument : « Pourquoi faire le film à une époque particulière et non de nos jours si ce n’est pas pour respecter les critères de cette dite époque ? ».

Cette rencontre nous a permis de recueillir de précieuses informations sur les costumes de L’Apollonide et sur la manière dont ils ont été réalisés. Malgré un budget assez restreint pour un film se déroulant au 20ème siècle, Anaïs a réussi, grâce à de nombreux accessoires, à rendre compte du prestige de la maison close du film. En effet, chaque comédienne avait un corset fait sur mesure, agréable à porter mais aussi propre à la personnalité du personnage par ses couleurs et ses formes. Le tout était ensuite agrémenté de divers accessoires et jupons afin de donner l’illusion que les filles ne portaient jamais la même tenue. Mais si vous voulez en savoir plus, il ne vous reste plus qu’à consulter l’interview intégrale dans le mémoire d’Alicia…

Visites de loueurs

Pour poursuivre la démarche de la formation, qui est de connaître la façon dont fonctionne chaque poste d’un tournage, nous sommes allés à la rencontre de loueurs de décors et de costumes.

Nous avons commencé par les costumes avec la visite d’Eurocostumes. Nous avons été guidés par Angélique qui nous a expliqué comment fonctionnait un stock et qui a pu répondre à toutes nos questions.

Le stock d’Eurocostumes se divise en deux entrepôts : un pour les costumes d’époques et un pour les costumes contemporains. Par manque de temps, nous n’avons pas pu visiter le second entrepôt dédié au costumes contemporains mais nous avons déjà été ébahis par le stock de costumes d’époques. Il est organisé sur trois niveaux : au sous-sol les costumes d’hommes, au premier étage les costumes de femmes et au dernier étage les accessoires, les costumes d’enfants, de soldats, de religieux. Tout est classé sur des rayons par époques mais aussi par couleurs ce qui demande un travail de rangement méticuleux. Nous avons beaucoup apprécié cette visite car l’équipe du lieu a été très agréable et accueillante et avons été émerveillés par la quantité et la diversité des pièces présentes dans le stock.

Tout comme lors de la rencontre avec Anaïs Romand, Angélique (mais aussi les autres costumiers et costumières présents sur place) nous ont expliqué à quel point certaines personnes, notamment des assistants réalisateur, ne connaissent pas le travail du costume et parfois même le dénigrent. Tout le monde était donc assez content de voir que de futurs assistants réalisateur s’y intéressaient…

Pour compléter notre visite à Eurocostumes, nous sommes allés visiter les locaux d’un loueur de décor : la maison Soubrier.

La maison Soubrier existe depuis 1852 mais c’est à partir des années 1960 que ses patrons ont décidé de se lancer dans la location pour le cinéma. Jusque-là, c’était une société d’ameublement, de création et de ventes de meubles anciens. Louis Soubrier, qui fait partie de la 6ème génération d’héritiers, nous a fait visiter le lieu.

M. Soubrier, contrairement à Angélique, a été étonné de notre démarche, il ne comprenait pas pourquoi de futurs assistants réalisateur venaient se présenter à lui pour visiter son stock – et malgré de nombreuses explications nous craignons qu’il n’ait toujours pas compris ! D’habitude, il a surtout à faire à des ensembliers qui viennent chercher des meubles et accessoires pour des films d’époque. Il nous a tout de même accompagnés dans les nombreuses salles qui composent son stock pour nous faire découvrir une grande variété de meubles et accessoires de différentes époques.

Son stock se compose de reproductions mais aussi d’authentiques meubles datant de plusieurs siècles ! Nous avons vraiment été impressionnés par ces pièces historiques et nous avions l’impression d’être dans un musée, à la différence près que les pièces de ce « musée » peuvent être louées. En plus de ce stock remarquable, la maison Soubrier possède un atelier de restauration qui permet de restaurer les nouvelles pièces achetées par M. Soubrier mais aussi de réparer les pièces qui ont pu être abimées pendant un tournage.

Rencontre avec le GREC

Notre venue au festival Côté Court nous a aussi permis de rencontrer deux représentants du GREC, Marcello Cavagna (chargé de production) et Anne Luthaud (directrice de la structure). Le GREC (Groupe de Recherches et d’Essais Cinématographiques) a été créé en 1969 par Jean Rouch et deux producteurs, Pierre Braunberger et Anatole Dauman. C’est une structure qui produit les premiers courts-métrages de jeunes réalisateurs.

Chaque année, neuf commissions sont organisées pour choisir les scénarios et environ quinze projets sont tournés par an. La démarche du GREC est d’accompagner de jeunes cinéastes en essayant de leur donner les moyens de réaliser leurs films. Ils peuvent notamment proposer des techniciens bénévoles pour entourer les jeunes réalisateurs.

Le GREC organise aussi des résidences de réalisation et depuis quelques années il propose un DUT en Ecriture, production et réalisation en partenariat avec l’université de Corse ainsi que des ateliers de réécriture.

Anne Luthaud et Marcello Cavagna ont accueilli avec enthousiasme la proposition de Laurence Moinereau, directrice du Master, de les mettre en relation avec des adhérents de l’AMPAR volontaires pour participer à leurs projets. Ils ont décidé de les intégrer à leurs mailings lists pour les inviter à leurs projections et rencontres internes. Une ouverture pour l’AMPAR sur le milieu du court-métrage d’auteur !

Rencontre avec Stéphane Batut

Lorsque nous nous déplaçons en festival, nous avons pour habitude d’interviewer l’un des réalisateurs en compétition. Nous n’avons pas dérogé à la règle cette fois-ci puisque nous avons rencontré et interviewé Stéphane Batut, en compétition dans la catégorie Prospective pour son court métrage Marie, Midi, Minuit. Il a gentiment accepté de nous recevoir chez lui afin que nous puissions le filmer.

Stéphane Batut est un jeune réalisateur mais aussi un directeur de casting chevronné. Il a notamment travaillé sur le casting de Comment je me suis disputé… (ma vie sexuelle) d’Arnaud Desplechin, d’Un homme un vrai et Les derniers jours du monde des frères Larrieu, de Madame Hyde et de La France de Serge Bozon et de Benedetta de Paul Verhoeven. Notre interview s’est essentiellement centrée sur son travail de réalisation autour de son long-métrage Vif-Argent car nous avons manqué de temps pour aborder ses autres films et son travail de directeur de casting.

L’interview sera disponible prochainement sur le site de l’AMPAR dans notre série L’art et la manière, donc nous préférons ne pas la déflorer, mais si nous devions résumer le moment que nous avons passé avec lui, nous mettrions l’accent sur sa gentillesse mais aussi sur sa vision très humaine de la direction d’acteur et de son travail d’une manière plus générale.

Rencontres d’anciens

Notre venue à Paris nous a aussi permis de rencontrer plusieurs anciens étudiants du Master. D’abord nous avons rencontré Moritz Rünzi qui a gentiment accepté de nous aider à filmer l’interview de Stéphane Batut.

A la suite d’une séance à La Cinémathèque lors de laquelle nous avons pu découvrir le film Freaks de Tod Browning, nous avons donné rendez-vous aux anciens qui vivent à Paris pour aller boire un verre ensemble. Deux d’entre eux ont répondu à l’appel : Fabien Peyrelade et Florence Berger. Ils ont tous les deux connu les débuts du Master et c’était plutôt amusant de discuter avec eux et de voir comment la formation a évolué. Cette soirée leur a aussi permis de se remémorer de bons souvenirs. Quant à nous, nous avons passé une très bonne soirée en leur compagnie !

Notre venue à Paris nous a aussi permis de rencontrer plusieurs anciens étudiants du Master adhérents de l’AMPAR. Certains, comme Moritz Runzi et Isalys Gillet, ont apporté leurs compétences à la réalisation de nos interviews. D’autres ont répondu présents pour un apéro ! Ainsi notre découverte de Freaks de Tod Browning à la Cinémathèque a été suivie d’un verre (voire plusieurs) avec Fabien Peyrelade et Florence Berger, deux « pionniers » qui ont connu les débuts du master. Cette rencontre leur a permis de se remémorer de bons souvenirs et nous a fait découvrir l’évolution de la formation. Nous avons été ensuite rejoints par des M3 en stage à Paris, Corentin Muti et Alice Granier, pour une soirée en agréable compagnie !

Visites des studios de Bry sur Marne

Nous avons aussi eu la chance de visiter les studios de Bry sur Marne en compagnie d’Alvaro, un des régisseurs du lieu. Cela fait plus de 30 ans qu’il travaille à Bry, il est donc une véritable mémoire vivante du lieu qu’il a vu se modifier au cours des années. Le lieu est gigantesque puisqu’il se compose de huit plateaux de tournage mais aussi de plusieurs ateliers de fabrication pour les décors, d’un magasin de peinture, de loges, d’un loueur d’accessoire et de décors, d’un loueur de matériel lumière, d’un ancien décor extérieur et même d’un restaurant pour la pause méridienne. Un véritable Disneyland pour les techniciens du cinéma ! Nous avons eu la chance de pouvoir visiter tous ces endroits accompagnés d’Alvaro et de ses anecdotes et explications sur les studios. Les studios de Bry sont vraiment impressionnants : on trouve quasiment tout ce dont on a besoin pour un tournage sur place, le lieu est énorme et même les plateaux de tournages sont ahurissants par leur taille et leur hauteur. Pour vous donner une idée, le studio B5 (qui n’est pas le plus grand des huit studios) fait 35m de longueur, 31m de largeur et 17m de hauteur pour une superficie totale de 1085m2. Nous avons aussi pu apercevoir le décor du prochain film de Jacques Audiard, Emilia Perez, qui était tourné aux studios pendant notre visite.

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La rencontre tant attendue avec Alain Olivieri

Depuis plusieurs années, l’AMPAR essaye d’organiser une rencontre avec l’assistant réalisateur Alain Olivieri. Son emploi du temps très chargé a à trois reprises contraint les étudiants à repousser cette rencontre. Mais cette année nous avons enfin réussi ! Nous avons profité de ce séjour à Paris pour organiser la rencontre avec Alain Olivieri qui est venu spécialement de Marseille et a pu réserver une journée entière rien que pour nous, d’un petit déjeuner tardif à un apéro à rallonge ! Nous en avons profité pour réaliser une autre interview filmée, menée par Isalys Gillet, prochainement disponible sur le site de l’AMPAR dans la série Profession assistant.

La carrière d’Alain Olivieri, tout jeune retraité, est très riche, il a à la fois travaillé sur des films d’auteurs mais aussi sur des productions plus commerciales, alternant également entre des comédies et des films aux sujets moins légers. Il a notamment été le premier assistant de Michael Haneke sur ses films français (Caché, Amour, Happy End), de Maurice Pialat (Van Gogh, Le Garçu), Daniel Auteuil (La fille du puisatier, Marius, Fanny), Albert Dupontel (9 mois ferme), François Ozon (Grâce à Dieu) mais aussi Danny Boon (La Ch’tite Famille) et Thomas Gilou (La vérité si je mens 1 et 2). Avec une carrière aussi variée, il est une véritable mine d’or d’anecdotes mais aussi de conseils pour de futurs assistants réalisateur. Malgré la découverte douloureuse pour certains de la face sombre de leurs idoles, nous avons écouté avec jubilation les récits hauts en couleur de notre conteur marseillais… dont nous respecterons la stricte confidentialité ! Cette superbe rencontre reste vraiment l’un des moments phares de ce séjour.

Le séjour en bref/ en quelques chiffres

9 jours

2 interviews réalisées

1 réalisateur, 1 assistant réalisateur, 1 cheffe costumière, 2 responsables du GREC, 4 anciens étudiants du Master rencontrés

2 loueurs et un studio de tournage visités

De nombreuses bières en bonne compagnie

Une tournée offerte par Alain Olivieri

Une pléiade d’anecdotes mémorables

Une dizaine de courts-métrages découverts

Un grand classique à la Cinémathèque

Et bien sûr une co-production de l’AMPAR à Côté Court !