Au cours du printemps 2021, étudiants et alumni du Master Assistant Réalisateur ont la chance de pouvoir enfin concrétiser un projet vieux d’alors déjà 3 promotions : Poitiers, un moyen métrage réalisé par Jérôme Reybaud dans le cadre d’une carte blanche, coproduit par l’AMPAR. Pour voir le jour, ce film aura dû survivre à une pandémie – vous en avez peut-être entendu parler – et bénéficier du secours d’un co-producteur inespéré, François Martin Saint Léon, pour le compte de sa société Barberousse Films.

Le film terminé, il s’agit ensuite de le lancer sur le circuit festivalier. La première bonne nouvelle est l’annonce de la sélection du film au festival du moyen métrage de Brive-la-Gaillarde, mais le choix est fait de décliner cette invitation. Il se trouve en effet que nous sommes gourmands, car nous sommes alors encore dans l’attente d’une réponse de deux autres festivals de plus grande ampleur : Cannes et Locarno, qui demandent une exclusivité mondiale sur les avant-premières des films sélectionnés. Le suspense s’achève quand Laurence Moinereau, la directrice du master, nous annonce à la mi-avril 2022, avec une joie non-dissimulée, que ce risque a payé : le film est sélectionné à Locarno ! Ce pari s’est avéré doublement gagnant, puisque Poitiers a finalement aussi concouru à Brive, en compétition internationale, mais lors de l’édition 2023 (cf. notre article sur celle-ci : lien).

Il s’agit désormais de transformer ce rendez-vous très prisé par le gratin du cinéma mondial en grand raout de notre cher Master Assistant Réalisateur : notre plan est au départ d’envoyer les deux promos actuelles en Suisse pour représenter Poitiers, aux côtés des membres de l’équipe qui auront pu faire le déplacement. Les recherches de camping vont bon train, plusieurs options se dessinent ; mais saison des stages oblige, certains étudiants commencent à se désister du voyage, puis d’autres… jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’un, Corentin Muti, votre humble serviteur. C’est donc un compte-rendu forcément partial que je vous propose ici, et que je me réserve le droit d’exagérer par moments histoire de bien narguer les copains qui ont raté ça.

Heureusement, je ne suis pas pour autant le seul représentant de l’AMPAR dans cette aventure. Laurence et moi sommes rejoints par Gaëtan Bigerelle, qui est paré pour cette expédition à plus d’un titre : premier assistant réalisateur de Poitiers, ancien étudiant du master, membre éminent de l’AMPAR et expert ès festival depuis la 27e édition du FID Marseille (lien).

« C’est loincarno, mais c’est beau »

Avant de mettre le cap sur la Suisse, il faut optimiser le voyage : un google drive rempli de tableaux, d’options de trajets à embranchements multiples, de listes de courses et de jeux de mots douteux est vite échafaudé par nous trois. Une fois la programmation annoncée, nous nous penchons aussi sur la liste des invités, dans l’espoir de dégoter au moins une interview d’un cinéaste présent. Il faut dire qu’il y a du beau monde : Lionel Baier, Elina Löwensohn, Patricia Mazuy, Kelly Reichardt, Joao Pedro Rodrigues, Alexandre Sokourov… pour ne citer que ceux que nous espérions le plus rencontrer. Après de longues tergiversations, nous arrêtons notre choix sur Rodrigues et Mazuy, que nous nous empressons de contacter bien en amont et dont les filmographies respectives n’auront bientôt plus de secret pour nous ; mais j’aurai l’occasion de revenir sur leur cas.

Nos préparatifs terminés, il est l’heure de partir pour le Tessin, un canton italophone de la Suisse. Notre effectif réduit justifie que nous échappions à la location d’un van super U : Laurence descend de son côté, depuis Paris ; je rejoins Gaëtan à Lyon, pour que lui, sa petite amie Mélie et moi-même partions ensemble en voiture. Quelques six heures de route plus tard, l’arrivée sur les bords du Lago Maggiore fait son petit effet : niché entre les flancs boisés des Alpes rhétiques, il se dévoile en contrebas de la route étroite et sinueuse qui le longe, lézardé seulement par quelques jet-skis et voiliers de touristes fortunés. Quelques villages longs de quelques centaines de mètres à peine et une ou deux stations essence viennent nous distraire de cette vue durant la demi-heure de voiture qui nous sépare encore de Locarno.

L’arrivée dans la ville elle-même pâtit un peu de la comparaison avec cet avant-goût : Gaëtan me dépose en bas de mon Airbnb, au milieu d’un pâté d’immeubles qui rappelle plus Palavas-les-Flots qu’un petit village helvète typique. Laurence et moi nous installons tandis que Gaëtan et Mélie partent en éclaireur dans la ville. Avant de les rejoindre, nous tentons de prendre un apéritif dans une soirée « risotto » réservée aux porteurs du badge Industry (alloué aux acteurs et producteurs, mais pas aux vulgaires techniciens et autres vice-présidents d’associations étudiantes). J’arrive à me faufiler à travers le service de sécurité en restant près de Laurence, qui arbore, elle, le précieux sésame ; j’espère donc goûter à la spécialité locale, mais il n’en reste plus quand nous arrivons devant le buffet. Passée cette petite déception, nous retrouvons finalement Gaëtan et Mélie dans une petite pizzeria, après les avoir exfiltrés, sous les regards courroucés des serveurs, d’un restaurant un peu trop charmant pour notre budget. C’est donc tout proches de la Piazza Grande, mais de l’autre côté de l’écran géant en plein air qui fait la fierté du festival, que nous trinquons au début de notre séjour. C’est également l’occasion pour Laurence de nous apprendre une excellente nouvelle : Arte a exprimé son intention d’acheter les droits de diffusion de Poitiers ! Pendant ce temps, le film Bullet Train fait l’ouverture du festival, et Brad Pitt adresse à ce dernier un joyeux 75e anniversaire par message préenregistré, mais c’est comme si c’était nous qu’il félicitait.

La vida Locarno

Pour notre première journée à Locarno, décision est prise de profiter du soleil pour faire un peu de tourisme, avant de nous plonger dans les salles obscures de la ville. Un réseau de bateaux-navettes relie les différents points d’intérêt qui bordent le Lago Maggiore, qui peut se visiter en une grosse journée si tant est qu’on ne rate pas le coche (et qu’on se casse la tête pendant une heure pour trouver l’ordre de visite optimal, pas forcément le plus intuitif). Nous faisons notamment une escale sur les îles Brissago, qui abritent grâce à leur microclimat des végétaux du monde entier, au sein d’un splendide parc botanique.

Une fois rentrés, en fin d’après-midi, finies les vacances : il faut préparer l’interview de Joao Pedro Rodrigues. Notre premier film du festival sera en conséquence visionné sur la télévision de notre appartement : Les Vertes Années de Paulo Rocha, film emblématique du Novo Cinema, est apparemment une référence explicite pour le nouveau film de Rodrigues, qui a été son élève à Lisbonne. Nous partageons l’enthousiasme de ce dernier pour ce drame à l’issue inattendue, qui saisit la déroute d’une jeunesse châtrée par l’Estado Novo et confrontée à la modernisation du pays. Nous établissons le squelette de notre future interview dans la foulée, sans pour le moment savoir quelle forme prendra le palimpseste documentaire signé par Rodrigues et son compagnon Joao Rui Guerra da Mata, énigmatiquement intitulé Onde Fica Esta Rua ? Ou Sem Antes Nem Depois.

Nous nous aventurons de nouveau dans le centre-ville au coucher du soleil, armés de tupperwares remplis d’une salade de pâtes qui constituera une bonne partie de mon régime pendant ce séjour suisse. Les tarifs des restaurants locaux n’incitent pas particulièrement à la découverte de la gastronomie locale, cette bourgade de 15000 habitants étant un lieu de villégiature très prisé, dont la population double probablement à l’occasion de l’événement qui nous y amène. Le centre-ville se traverse en une vingtaine de minutes de marche à peine, et les lieux du festival se trouvent donc très ramassés, entre le Gran Rex et le Pala Cinema, qui accueillent la majorité des projections, une rotonde aménagée en scène de concert en plein air, et une buvette bondée. Mon accréditation Delegazione, qui me donne accès à presque tous les lieux et toutes les séances du festival, n’est néanmoins pas suffisante pour m’ouvrir les portes du bar VIP de la Piazza Grande, qui est avant tout une vitrine pour mondains en tenue de soirée. Celui-ci est gardé par une statue du léopard emblématique de la ville, qui a lui l’air complétement défoncé (dans tous les sens du terme).

Nous continuons sur notre lancée « patrimoine » pour cette première soirée : un avant-goût de la riche et rare rétrospective Douglas Sirk, roi du mélodrame dont La Ronde de l’aube rhabille toujours Top Gun au rayon aéronautique. La suite de la soirée fut consacrée à un autre mélodrame, italien cette fois-ci, intitulé Tempo d’amarsi ; mais celui-ci ne m’a pas exactement laissé un souvenir impérissable. Je tiens d’ailleurs à préciser que je ne chroniquerai pas exhaustivement les films que j’ai pu voir dans le cadre du festival, mon intuition dans le choix des séances n’étant pas infaillible.

Ce début tranquille nous permet de nous préparer pour le lendemain, où le reste de notre Delegazione nous rejoint. Sont finalement présents François Martin Saint Léon (producteur délégué), Nicolas Contant (chef opérateur), Patrice Gallet (acteur), Xavier Thieulin (mixeur), et évidemment Jérôme Reybaud, le réalisateur du film. Tout ce beau monde arrive à point nommé, puisque nous sommes invités le soir à un cocktail organisé par Unifrance et l’ambassadeur de France en Suisse, qui convie tous les accrédités français du festival. Mes deux passions se trouvent donc réunies à Locarno : le cinéma, et manger aux frais de la princesse. Croyez en vos rêves.

Bowlocarno

Avant de nous rendre à ce fameux cocktail, Laurence et moi optons pour la séance de Bowling Saturne, le dernier film de Patricia Mazuy. Face à l’échec patent de nos mails, restés sans réponse, notre stratégie est maintenant de nous jeter sur elle à la première occasion venue. Mieux vaut donc pouvoir échanger sur son dernier opus au besoin.

Compétition internationale oblige, la projection se déroule au Palexpo, la plus grande salle de la ville, dont la capacité excède le millier de sièges. Sans vouloir être mauvaise langue, on peut quand même tempérer cette performance, étant donné que comme son nom le suggère, il s’agit plutôt d’une salle polyvalente peu adaptée aux rangs de chaises en plastique depuis lesquelles on ne voit pas forcément par-dessus la tête des spectateurs de devant. On frémit en songeant à la réaction de Jérôme, déjà pas très partisan de la salle de cinéma, qui va voir le lendemain son film projeté ici… La présentation du film est l’occasion de constater que si Patricia Mazuy n’est pas bavarde avec nous, elle ne l’est pas forcément plus devant un public : sa préface est expédiée en trois phrases, juste le temps de prévenir qu’il s’agit d’un film noir (« très noir », insiste-t-elle pour avertir les âmes sensibles). Il ne s’agit pas d’un coup de com : le film est effectivement très violent et parfois dur à regarder, une scène centrale justifiant à elle seule l’interdiction aux moins de 16 ans dont il a écopé lors de sa récente et malheureuse sortie en salles. Ce choc participe sûrement du trouble suscité par la projection, trouée par d’étranges effets de rythme et changements de ton, qui m’a d’abord laissé une impression mitigée, mais auquel je me surprends toujours à penser de temps à autres un an plus tard. L’inévitable débat post-séance occupe notre trajet jusqu’au cocktail, Laurence ayant un avis beaucoup plus tranché que le mien.

Nous y retrouvons le reste de l’équipe parmi les invités, sur une terrasse noire de monde au bord du lac. Le gratin du cinéma français est présent. Laurence me tire sur la manche pour me signaler qu’Alain Guiraudie, juré de cette édition, fait la queue pour entrer derrière nous, en baskets et short Adidas. En fait de gratin, on nous sert enfin du risotto. Je mettais mon rendez-vous manqué avec ce plat lors de ma première soirée en Suisse sur le compte de son succès ; après l’avoir goûté, je pense que ça doit plutôt être qu’il a été jeté, parce qu’il n’est franchement pas bon.

Nous noyons notre déception dans le Prosecco à volonté, en cercle pour que l’effet de meute nous donne une contenance, le temps de repérer des cibles à aborder. Soudain, elle apparaît : Patricia Mazuy, fraîchement sortie de son Q&A, va s’installer dans un coin de la terrasse avec son équipe. Ils discutent tranquillement ensemble, parfois félicités par d’autres membres de l’assemblée, mais chez nous c’est l’effervescence. Comment l’aborder ? On me pousse, on m’encourage ; je traîne des pieds, jette des coups d’œil aussi discrets que possible pour saisir une ouverture. Au bout d’un bon quart d’heure de pirouettes, je fais un crochet par le bar pour faire le plein de courage liquide, et je me dirige d’un pas décidé vers elle. Je slalome dans sa direction, elle est seule en train de boire son vin. C’est le moment parfait. J’ose un « Madame Mazuy ? »… mais pas assez fort, apparemment, puisqu’une femme qui semble la connaître attire son attention et engage la conversation avec elle.

Me voilà donc planté un mètre derrière la cinéaste, qui ne m’a même pas vu venir. Je réfléchis vite à un plan de secours pour temporiser, et décide de m’accouder à la balustrade pour contempler le lac en attendant qu’elles aient fini de discuter. Le problème, c’est qu’elles ont beaucoup de choses à se dire. Après avoir compté deux fois les bateaux, je commence à sentir que ma posture n’est pas très naturelle. Je le lis d’ailleurs dans le regard d’Arieh Worthalter, un acteur du film qui, lui, est campé face à moi ; il semble avoir compris mon manège, mais ne fait rien pour m’aider. Je cherche désespérément le regard de mes compagnons, qui tentent vainement de dissimuler leur embarras derrière un sourire crispé. Au moment où je songe sérieusement à me jeter à l’eau pour échapper à la gêne, l’importune donne enfin congé. Je me retourne en hâte vers la réalisatrice, qui me regarde avec de grands yeux circonspects. Je me présente et lui rappelle aussi diplomatiquement que possible qu’elle n’a jamais répondu à nos mails, mais elle les a sans doute mal reçus, bien sûr…

« Ah oui, je me rappelle ! Je les ai bien lus, mais je savais pas quoi répondre, alors j’ai rien répondu. »

Voilà qui a le mérite d’être honnête. Je suis un peu décontenancé, mais elle se révèle malgré tout plus abordable que prévu. Son emploi du temps chargé ne lui permet malheureusement pas de m’accorder une interview pendant le festival, mais comme nous avons toujours ses coordonnées, elle nous propose tout de même de la recontacter pour faire ça à Paris plus tard. C’est déjà trop d’émotions pour moi : je la remercie, et retourne me servir un Prosecco.

Laitcarno

Vous l’aurez compris : les soirées festivalières sont souvent arrosées ; aussi dois-je confesser que mon programme, savamment composé, s’est souvent vu amputer des séances les plus matinales. Je me faisais par contre un point d’honneur à être frais et dispo pour l’événement le plus important de cette édition : l’avant-première mondiale de Poitiers, en section Pardi di domani (Léopards de demain, pour les moins familiers de la langue de Dante), parmi une sélection de courts métrages. Tout le monde s’est mis sur son 31, et c’est un petit troupeau qui monte sur scène sous les applaudissements du public lors de la traditionnelle présentation. Notre délégation occupe la moitié de l’estrade, pourtant partagée entre quatre films, ce qui doit être assez cocasse vu du public. Cette prééminence est officialisée par le sélectionneur, dont le favoritisme pour le film de Jérôme n’échappe à personne : là où nos concurrents ont droit à une présentation sommaire, Eddie Bertozzi réserve un torrent d’éloges à Jérôme et à son précédent film Jours de France, comme si la séance s’était muée en hommage.

Me voilà donc sous les projecteurs d’un des plus prestigieux festivals du monde, devant une foule d’un millier de têtes, pour un film auquel je n’ai même pas participé directement. Quand le micro arrive dans mes mains, je glisse mon nom et mon titre le plus rapidement possible, et je ne demande pas mon reste pour retourner m’asseoir quand les lumières se tamisent.

A entendre les rires de la salle, le film rencontre un franc succès. C’est d’ailleurs amusant pour moi de le redécouvrir sous le prisme comique auquel le public semble le plus sensible, alors que j’avais plutôt été frappé par sa mélancolie sourde au premier visionnage. Gaëtan, qui voit lui le film pour la première fois, rigole de bon cœur à l’unisson. Comme à son habitude, Jérôme se prête très volontiers au jeu des questions-réponses qui suit la projection.

Cet accueil chaleureux nous permet d’aborder la deuxième moitié de notre séjour sereinement, étant donné qu’il ne nous reste presque plus qu’à boire des coups et voir des films (quand même) durant la deuxième moitié de notre séjour. Je dis presque parce que Gaëtan et moi conduirons bien notre interview de Joao Pedro Rodrigues la veille de notre départ. Nous avons ceci dit craint jusqu’au bout de ne jamais le rencontrer, la faute à une attachée de presse assez récalcitrante, peu réceptive aux démarches s’éloignant de l’exercice balisé et un peu trop court du press junket, et insistant sans fin pour faire participer à notre rencontre une actrice à qui nous n’avions pas grand-chose à dire, au vu de notre angle. Ce n’est qu’après d’interminables échanges de mail en anglais jusqu’à des heures impossibles que Laurence a finalement opté pour un échange direct avec Rodrigues, qui s’est avéré non seulement beaucoup plus arrangeant, mais également parfaitement francophone. Je vous invite à lire directement le compte-rendu de notre rencontre ici : lien.

En parlant de Rodrigues, je ne peux m’empêcher d’évoquer Onde fica et cetera, son mystérieux documentaire, qui constitue à mes yeux et de loin la plus belle découverte de ce festival. Sans trop en dire, il s’agit d’une bal(l)ade mélancolique, où se rencontrent les esprits de Vigo, de Tati et des lieux, sur les traces des fantômes des Vertes Années. La nature très expérimentale et référentielle du projet m’empêche de rêver à une sortie française en bonne et due forme, et je vous donc laisse fantasmer ce double programme rêvé en attendant un miracle ou un distributeur courageux. Un petit mot également pour la déflagration Mini-mini-pokke no okina niwa de, court métrage d’animation très punk et très coloré de Yoko Yuki, ainsi que pour le documentaire Nuit obscure – Feuillets sauvages (Les brûlants, les obstinés) de Sylvain George, documentaire monstrueux tout à la fois par sa longueur (4h30) et son fond désespérant, qui transfigure par la forme la tragédie migratoire qu’il documente, en donnant à sentir ce qui n’est que trop souvent réduit à de lointaines statistiques.

Locarnorevoir

Je pourrais encore vous raconter une héroïque tentative, sur un coup de tête, de voler Alexandre Sokourov (un des plus grands réalisateurs russes en activité) à la presse internationale, au sortir d’un Q&A ; ou bien l’orage qui a failli me faire terminer mon séjour dans le funiculaire de la Madonna del Sasso, à 600 mètres d’altitude… mais bien narguer les absents, c’est aussi garder quelques secrets.

Au bout de cinq jours de films, de salade de pâtes et de Prosecco, il était temps de dire au revoir aux rives du Lago Maggiore, qui continueraient encore une semaine après mon départ à se trouver placées sous le signe des titres à rallonge. C’est peut-être secrètement ce qui a desservi Poitiers. L’achat par Arte et le plébiscite public n’empêchent pas la déception qui nous a saisis une semaine après notre retour à la maison, en apprenant que le film s’en irait bredouille de la compétition ; mais tout bien réfléchi, peut-on vraiment se fier au jugement de gens qui ont si mauvais goût en matière de risotto ?

Photo de la Piazza Grande :

Pardofestival, CC BY-SA 3.0 <https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0>, via Wikimedia Commons.